Les Vitraux
A la découverte des VITRAUX de notre église Saint-Nicolas
par Jacques Stasser, Président du Cercle d’Histoire de La Hulpe.
Notre église est dotée de vitraux aussi nombreux que superbes car exécutés par les plus grands artisans verriers du temps.
Mais au-delà de cet aspect esthétique indéniable, se cachent derrière la plupart d'entre eux de nombreuses histoires et anecdotes et les saints représentés ne sont, le plus souvent, pas là par hasard. Ce sont tous les secrets de nos vitraux que je vous propose de découvrir ensemble dans les lignes qui suivent.
Tout d'abord, il convient de bien distinguer le rôle respectif des vitraux et des statues. Si les deux sont des éléments qui participent à la décoration et à l'enjolivement du sanctuaire, leur fonction est radicalement différente. La statue est un objet de dévotion devant lequel le fidèle s'arrête voire s'agenouille pour prier et se recueillir. Dès lors, les saints représentés le seront en nombre limité car on prie surtout ceux à qui l'usage reconnaît une "spécialité" utile dans la vie quotidienne. C'est pourquoi, après les représentations de la Vierge et du Christ (souvent le Sacré-Cœur), les saints le plus souvent offert à la dévotion des fidèles sont saint Joseph, sainte Anne (mère de la Vierge et donc protectrice des familles), saint Eloi (patron des métiers du fer et donc aussi des agriculteurs dont le soc de la charrue est constitué de ce métal), sainte Barbe (patronne des métiers du feu), saint Hubert (protecteur du bétail), saint Roch (invoqué pour les maladies épidémiques comme la peste ou le choléra), sainte Rita (invoquée pour les causes perdues), saint Antoine de Padoue (à qui on demande de prendre soin des accidentés et des malades en général) et sainte Thérèse de Lisieux afin d'avoir également un personnage contemporain plus proche des fidèles. En ajoutant éventuellement à cette dizaine de saints et saintes une représentation du saint patron de l'église paroissiale, on a à peu près le catalogue complet des sculptures rencontrées dans nos églises puisque tous les besoins primaires des fidèles sont rencontrés.
Les vitraux n'ont pas du tout cette fonction. Leur but est franchement décoratif et, pour leur financement, quand il s'agira de remplacer une simple verrière par un vitrail, il sera régulièrement fait appel à un généreux paroissien, donateur et mécène. Cependant, comme le mécénat et l'humilité ont leurs limites, ces donateurs auront souvent à cœur de laisser dans ces vitraux traîner des indices permettant de les identifier (le même procédé se retrouvait déjà dans les tableaux des primitifs flamands dans un coin desquels se nichait plus ou moins discrètement le munificent bienfaiteur). Un des procédés utilisés, nous en reparlerons ultérieurement, est de faire représenter dans le vitrail le saint patron du donateur. Par conséquent, et c'est là que je voulais en venir, nous trouverons dans les vitraux une variété beaucoup plus importante de personnages que dans la statuaire.
A ce propos, un autre point qu'il convient d'aborder en préambule à l'analyse détaillée des vitraux de notre église est justement l'identification des saints représentés.
Quand je fais visiter l'église, je fais observer que la photographie ne date que du milieu du XIXe siècle. Comment alors peut-on représenter avec exactitude le visage des différents saints, visages dont les traits nous sont forcément inconnus? Une évidence s'impose: ces visages ne correspondent pas à la réalité, ce sont des faux!
En fait, l'identification des personnages se fait grâce à leurs attributs: leurs vêtements, les objets qu'ils tiennent en main ou qui sont à leurs pieds etc. Ces attributs nous sont connus grâce à un recueil légendaire de la vie des saints écrit par Jacques de Voragine (1230-1298) et intitulé "La Légende dorée". Tous les saints antérieurs au XIIIe siècle y sont mentionnés. Ces récits de vie n'ont pas vraiment valeur historique mais servent plutôt à édifier le fidèle. On y trouve relatés les martyres de nombreux saints qui subissent mille sévices avant d'enfin succomber; par exemple, celui qui deviendra saint Denis est décapité puis part avec sa tête sous le bras! Le réalisme n'est donc pas de mise. Mais ces récits serviront de code pour les artistes, aussi bien verriers que sculpteurs ou peintres. Et donc, si nous découvrons un vitrail (ou une statue ou un tableau) représentant un personnage se promenant avec sa tête sous le bras, nous savons, même si ce n'est pas mentionné, qu'il s'agit de saint Denis! Voilà une des clés qui va nous permettre d'identifier les saints des vitraux. Pour les personnages postérieurs au XIIIe siècle, nous disposons naturellement d'éléments historiques et de biographies plus sérieuses dont les éléments seront également utilisés pour permettre l'identification.
Vitraux de l'église St Nicolas
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